Une amitié à longue distance se tisse après un don de cellules souches

Mike Wark, de Red Deer (Alberta), a pris contact avec la donneuse de cellules souches allemande qui lui a sauvé la vie

Inspiration
13 mai 2021
Mike Wark, who had a stem cell transplant, holds a bag of stem cells while surrounded by his wife and hospital staff

Mike Wark, de Red Deer, en Alberta, se réjouit à l’idée de tisser une amitié unique en son genre avec une lointaine étrangère qui lui a sauvé la vie.

Mike ne s’attendait pas à ce qu’on lui diagnostique une leucémie myéloïde aiguë, une forme agressive de cancer du sang, lorsqu’il a consulté son médecin en juin 2018 pour des symptômes persistants et après avoir fait des analyses sanguines de routine.

Ce diagnostic les a plongés brutalement, lui et sa femme Lauren, dans l’univers des traitements du cancer du sang. Ils ont passé une grande partie des sept mois suivants au Tom Baker Cancer Centre, à Calgary, où Mike était traité.

Michael receiving stem cell treatment in Hematology unit at Tom Baker Cancer clinic in Calgary


Mike Wark a été traité contre la leucémie myéloïde aiguë à l’unité d’hématologie du Tom Baker Cancer Centre, à Calgary, en octobre 2018.

Très vite, il est devenu évident que pour survivre, Mike aurait besoin d’une greffe de cellules souches provenant d’un donneur non apparenté. Savoir qu’il allait devoir sa vie à la générosité d’un étranger a été une vraie leçon d’humilité pour lui.

« Quand on est jeune, on se croit invincible. On n’imagine pas un jour recevoir un diagnostic de cancer potentiellement mortel, explique-t-il. Cela ne nous traverse même pas l’esprit, sauf si on a déjà vécu quelque chose de similaire. »

« À 27 ans, alors que j’étais en bonne santé, en début de carrière et marié à ma meilleure amie, je me suis soudainement retrouvé alité à l’hôpital, à me demander si c’était la fin. »

Les cellules souches sauvent des vies

Les cellules souches, et plus particulièrement les cellules souches hématopoïétiques, sont des cellules immatures qui peuvent se transformer en n’importe quelle cellule sanguine. Ce type de cellule peut servir à traiter plus de 80 affections, dont des cancers, mais pour qu’une greffe de cellules souches soit une réussite, le donneur et le receveur doivent être compatibles sur le plan génétique.

Il peut arriver qu’on trouve un donneur compatible dans sa propre famille, mais Mike fait partie des 75 % de patients canadiens qui doivent s’en remettre au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang, qui a accès à près de 460 000 donneurs potentiels au Canada et 38 millions dans le monde. Christiane Kruck était l’une d’entre eux.

Christiane vit à 7 600 kilomètres de Mike, dans le petit village allemand de Pöttmes, à une heure environ au nord-ouest de Munich. Cette orthophoniste de 25 ans s’était inscrite en 2013 au DKMS, un centre international de don de moelle osseuse sans but lucratif basé en Allemagne, quand une petite fille du village a eu besoin d’une greffe de cellules souches pour traiter sa leucémie. Elle n’a pas été sollicitée pour aider l’enfant, mais elle savait qu’elle s’était engagée à aider n’importe quel patient qui en aurait besoin, et lorsqu’elle a reçu l’appel, elle était ravie.

« On m’a dit que j’étais peut-être compatible avec un patient nécessitant une greffe de cellules souches, et on m’a demandé de faire quelques analyses plus poussées, se rappelle-t-elle. J’étais vraiment excitée et heureuse de pouvoir peut-être aider quelqu’un. »

La préparation en vue de la greffe de cellules souches

En amont de la greffe de cellules souches, Mike a été soumis à une batterie d’examens rigoureux visant à s’assurer que son corps pouvait supporter le lourd traitement préparatoire de chimiothérapie et d’irradiation corporelle totale. Ce traitement, qui commence huit jours avant la greffe, a des effets secondaires sur la moelle osseuse et détruit les dernières cellules leucémiques. La moelle osseuse se reconstruit alors à partir des cellules du donneur.

« Le plus gros risque, c’était que ma donneuse se rétracte. Si cela nous était arrivé, il nous aurait fallu trouver un autre donneur rapidement, sans quoi ma vie aurait été en danger », se souvient Mike.

En attendant, en Allemagne, Christiane se préparait à son précieux don de cellules souches.

« Trois mois avant le don, j’ai dû consulter mon médecin pour effectuer des analyses sanguines et vérifier la compatibilité de mes marqueurs génétiques avec ceux du receveur. Ensuite, j’ai fait des examens médicaux complets pour vérifier que j’étais en bonne santé et en mesure de faire le don.

Quelques jours avant le don, j’ai dû me faire des injections, une le matin et une le soir, pour stimuler la croissance des cellules souches et les transférer de la moelle osseuse au sang », explique-t-elle.

Le 22 octobre 2018, Christiane a fait son don de cellules souches.

« Cela a duré cinq heures et demie. Après le prélèvement, même si j’étais fatiguée et faible, je me sentais bien. Vraiment, si passer quelques heures à l’hôpital peut donner une seconde chance à quelqu’un, comment refuser de faire un si beau cadeau? »

A smiling young woman lies in a hospital bed donating stem cells for transplant.


Christiane Kruck, qui vit dans un petit village en Allemagne, a donné des cellules souches à Mike Wark, un patient de Red Deer, en Alberta.

 

Processus du don de cellules souches

Foire aux questions

« Ça a été une journée très forte en émotions »

Deux jours plus tard, Mike a reçu les cellules souches de Christiane, arrivées fraîches d’Allemagne par transporteur.

« Ça a été une journée très forte en émotions ― une journée à jamais gravée dans ma mémoire, déclare Mike. Ma femme Lauren est arrivée après le petit-déjeuner et m’a surpris avec des ballons et des vidéos d’encouragement de mes amis partout dans le monde. Ils disaient tous : “Mike, tout va bien se passer, tu vas guérir!” »

Le jour de la greffe, Lauren, la femme de Mike, l’a surpris avec des messages vidéo de soutien de ses amis..

« Ma femme et moi sommes de grands amateurs de la série Dre Grey, leçons d’anatomie, et je crois que nous avions imaginé une procédure impressionnante dans une salle d’opération, mais cela ressemblait beaucoup à une transfusion sanguine », explique Mike.

« Les cellules souches sont arrivées dans ce qui ressemblait à une boîte à lunch rembourrée très chère, et j’ai eu la possibilité de tenir la poche avant la transfusion par voie centrale. Quel sentiment incroyable d’avoir dans les mains quelque chose qui a le pouvoir de vous sauver la vie! »

La procédure de transfusion a duré une heure et demie environ, et a été une réussite.

Trois mois plus tard, les médecins de Mike l’ont déclaré en rémission complète. Une dernière biopsie de moelle osseuse a révélé qu’il n’y avait plus de trace du cancer. 

Prendre contact

« Dès que j’ai su que nous avions trouvé une donneuse compatible, j’étais curieux de savoir qui elle était, déclare Mike. Après la greffe, ma curiosité n’a fait qu’augmenter, et j’ai voulu entrer en contact avec elle pour la remercier de m’avoir sauvé la vie. »

Au Canada, les donneurs de cellules souches et les receveurs n’ont pas le droit de communiquer directement ou d’échanger de l’information permettant une identification pendant la première année suivant la greffe. Ils peuvent néanmoins s’échanger des lettres anonymes pendant cette première année. Ensuite, ils peuvent communiquer directement s’ils y consentent tous les deux.

« Au moment de la greffe, la seule information que j’avais sur ma donneuse, c’était qu’il s’agissait d’une jeune femme dans la vingtaine, et que son groupe sanguin était différent du mien. Je ne savais pas où elle était, ou ce qui l’avait motivée à donner. Mais j’avais bien l’intention de le découvrir! », explique Mike.

A young couple hold each other outside a house, with loose hay behind them and garden items


Christiane Kruck avec son copain, Thomas Hammerl. Christiane vit en Allemagne et a donné des cellules souches à Mike Wark, un patient canadien. (Photo prise avant la pandémie)

 

Deux greffes de cellules souches d’une même donneuse lui sauvent la vie deux fois

Une survivante du cancer se dit « honorée » par la générosité de son donneur

Christiane aussi était impatiente d’en savoir plus sur le patient qui avait reçu ses cellules souches. Trois mois après la greffe, le DKMS lui a annoncé que « son patient » était un Canadien dans la vingtaine, et qu’il était « en bonne santé à l’heure actuelle ».

« J’étais heureuse d’apprendre que la greffe avait bien eu lieu, mais je voulais en savoir plus sur la personne que j’avais aidée, et sur son état de santé », explique-t-elle.

Pour que ce soit possible, Mike devait remplir quelques formulaires.

« Nous avons envoyé les formulaires de consentement à la divulgation de mes coordonnées, et nous espérions que ma donneuse en ferait autant. Nous ne savions pas du tout si ce serait le cas. »

Christiane a été surprise et s’est réjouie de recevoir la demande de prise de contact par DKMS. Elle a renvoyé les formulaires et quelques semaines plus tard, l’équipe médicale a appelé Mike pour lui révéler le nom de Christiane, son lieu de résidence et ses coordonnées. C’était le jour de son trentième anniversaire.

« C’était complètement fou, raconte-t-il. Je savais qu’elle existait quelque part, mais je ne savais rien d’elle. Et voilà que la personne compatible avec moi sur le plan génétique se trouvait en Allemagne! Apprendre cela le jour de mon anniversaire, c’était le plus beau des cadeaux! » 

Depuis, Mike et Christiane ont commencé à tisser une amitié internationale unique en son genre. Ils espèrent tous deux pouvoir un jour se rendre visite en personne, lorsque les restrictions sanitaires seront levées.

Mike on video Call with stem cell donor Christian Kruck via Skype


Mike Wark a fait connaissance avec sa donneuse de cellules souches allemande, Christiane Kruck, par appel vidéo. Ils espèrent se rencontrer en personne après la levée des restrictions sanitaires.

Faire la promotion du registre

Mike et Christiane invitent tout le monde à s’inscrire au registre de donneurs de cellules souches de leur région.

« Sans la volonté de ma donneuse de faire un don de cellules souches, je ne serais probablement plus en vie aujourd’hui, explique Mike. Tout le monde est un donneur de cellules souches potentiel et l’inscription au registre pourrait sauver quelqu’un d’autre. »

« S’il vous plaît, inscrivez-vous dès aujourd’hui, ajoute Christiane. La procédure de don est simple, et indolore, contrairement à ce qu’on pense souvent. Ce n’est rien comparé à tout ce que vit le receveur. C’est un petit geste qui a de grandes conséquences! »

Les parents de Christiane, une de ses sœurs et son copain Thomas sont tous inscrits comme donneurs potentiels de cellules souches. « Dans la situation inverse, où un membre de ma famille ou un ami aurait besoin d’une greffe de cellules souches, je serais heureuse qu’une personne puisse et accepte de faire un don de cellules souches », ajoute-t-elle.

Les cellules souches prélevées peuvent traiter plus de 80 affections, dont des cancers. La pandémie de COVID-19 a des répercussions sur les greffes de cellules souches. C’est pourquoi les centres de greffe du Canada dépendent plus que jamais des dons de cellules souches de Canadiens pour trouver des donneurs compatibles aux patients. Nous invitons les personnes de 17 à 35 ans en bonne santé à s’inscrire au Registre de donneurs de cellules souches de la Société canadienne du sang en ligne pour recevoir leur trousse d’inscription par la poste.

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