Accroître la capacité de résilience du secteur des soins de santé

Les coordonnateurs des dons d’organes connaissent un taux élevé d’épuisement professionnel. La Société canadienne du sang et le CHEO veulent remédier à cette situation.

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15 avril 2021
A man wearing a green shirt day jersey, in front of a body of water with a city skyline in the background.

Avant de se joindre à l’équipe de la Société canadienne du sang chargée du don et de la greffe d’organes et de tissus (DGOT), Ken Lotherington était à l’emploi d’un hôpital de Halifax. Il y travaillait directement avec les familles des patients en tant que spécialiste des tissus et apportait son soutien au programme de don pendant les procédures de prélèvement d’organes et de tissus.

« Il s’agissait d’un travail à la fois extraordinaire, difficile et stimulant », raconte Ken, qui est basé à Dartmouth (N.-É.). « Les coordonnateurs assument l’un des rôles les plus importants du processus entourant le don d’organes et de tissus. Cependant, le fait de côtoyer régulièrement la mort, le deuil et la perte dans le cadre de leurs fonctions entraîne rapidement l’épuisement professionnel. »

En 2012, Ken quitte son emploi à l’hôpital et amorce une nouvelle carrière au sein du programme de dons d’organes et de tissus à la Société canadienne du sang. Aujourd’hui, en tant que spécialiste du développement du système, il facilite une recherche de pointe au niveau mondial sur l’épuisement professionnel des coordonnateurs de dons d’organes et de tissus, en partenariat avec le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, afin d’améliorer le système dans lequel il travaillait.

Épuisement professionnel

Lorsque Ken travaillait à l’hôpital, il contribuait à faciliter le processus au moment du décès d’un donneur d’organes et de tissus. Étant originaire d’une collectivité relativement petite, il lui arrivait de reconnaître le nom d’un donneur dans un dossier qui lui avait été transmis.

« L’un d’eux était un jeune homme avec qui j’avais joué au hockey. Il était à l’université, loin de chez lui. Il a eu un accident en faisant de la planche à roulettes, raconte Ken. Quand vous êtes au travail, il est souvent impossible de refuser un cas, par crainte que le don n’ait pas lieu. »

Il s’agissait pour Ken d’un cas difficile.

Sans les outils nécessaires pour gérer les effets du stress post-traumatique, de la fatigue de la compassion et d’autres réactions comme la détresse morale, on se dirige trop souvent vers l’épuisement professionnel.

« Travailler sans relâche dans un contexte de fin de vie constitue tout un défi. C’est très intense. Malheureusement, l’impact de l’épuisement professionnel sur ces travailleurs de première ligne se traduit souvent par une perte d’emploi, des congés de maladie et, dans certains cas, par un suicide », explique-t-il.

Conscient de son propre épuisement professionnel, Ken a pris la décision de quitter son emploi à l’hôpital. Désireux d’améliorer le système pour les autres, il a poursuivi sa carrière à la Société canadienne du sang afin de contribuer à l’élaboration des politiques.

« Personnellement, cela m’inspire. Le fait d’avoir auparavant souffert comme travailleur de première ligne et de collaborer maintenant avec les membres du milieu des DGOT pour innover et résoudre des problèmes comme l’épuisement professionnel des coordonnateurs de donneurs est tout simplement incroyable, dit-il. Notre travail compte vraiment ».

Accroître la capacité de résilience

Contrairement au rôle de premier plan qu’elle joue dans l’exploitation des systèmes nationaux d’approvisionnement en sang, en plasma et en cellules souches, la Société canadienne du sang agit de manière plus indirecte lorsqu’il s’agit d’organes et de tissus. L’organisation gère un registre national de transplantation qui facilite le partage interprovincial des organes, mais chaque province et territoire est responsable de ses propres programmes de don et de greffe.

Liam Peyton, ambassadeur de l’organisme Mise au jeu pour le sang, explique pourquoi il s’est inscrit au registre des donneurs d’organes et de tissus et comment vous pouvez faire pareil.

La Société canadienne du sang facilite la collaboration nationale afin d’élaborer des pratiques exemplaires, de soutenir la formation professionnelle et de mener des activités de sensibilisation du public. L’organisme analyse également les données afin d’améliorer le rendement du système canadien de DGOT.

Au cours de la dernière année, l’équipe de projet de la Société canadienne du sang et du CHEO a publié nombre d’études, de critiques et de protocoles de recherche sur les causes et les effets de l’épuisement professionnel chez les coordonnateurs de dons de première ligne travaillant en milieu hospitalier. L’objectif est de créer des outils et des systèmes pour mieux soutenir ceux qui jouent ce rôle essentiel.

« Nous sommes des leaders mondiaux dans ce domaine de recherche. Nous avons pris soin de publier nos protocoles de recherche et de collaborer afin que n’importe qui, n’importe où, puisse reproduire nos études », affirme Ken.

Ambassadeur actif de la Société canadienne du sang, Ken apprécie l’importance de partager l’information pour élaborer des solutions concrètes. Déjà, des collaborateurs internationaux en Turquie, au Royaume-Uni et au Japon cherchent à tirer parti de cette recherche.

« Nous savons que l’épuisement professionnel au sein de cette population n’est pas uniquement l’apanage du Canada ou de l’Amérique du Nord. Il s’agit d’un problème mondial, dit Ken. Grâce à cette recherche, nous espérons avoir un impact énorme sur le système et renforcer la capacité de résilience du secteur des soins de santé. »

Tout le monde peut être un donneur potentiel d’organes et de tissus, quels que soient son âge, son état de santé ou son orientation sexuelle. Apprenez-en davantage sur le don et la greffe d’organes et de tissus et inscrivez-vous comme donneur. Rejoignez la chaîne de vie du Canada aujourd’hui.

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