Une fillette frôle la mort après avoir avalé une pile de montre

La famille exprime sa reconnaissance envers les donneurs de sang.

Inspiration
21 août 2020
Leslie Bangamba thankful to blood donors for saving daughter’s life.

La vie peut basculer en une fraction de seconde, dit-on. Une famille de Red Deer pourrait facilement en témoigner. Le 9 avril, en plein cœur d’après-midi, Leslie Bangamba remplit son lave-vaisselle lorsque sa fille de dix-huit mois, Amélie, s’effondre soudainement. Au début, Leslie croit que sa petite fille veut simplement être drôle, copiant ce que ses frères de cinq et neuf ans font parfois.

« Je lui ai dit : “C’est assez mon cœur, ce n’est pas drôle”. Elle a alors fait un son épouvantable. J’ai tout laissé tomber pour aller la soulever. Son corps était raide et elle avait les yeux révulsés. J’ai pensé qu’elle s’était frappé le dos contre le coin du lave-vaisselle alors je l’ai étendue tout doucement. »

Amélie commence à saigner du nez lorsque Leslie compose le 9-1-1. La fillette est conduite d’urgence à l’Hôpital régional de Red Deer.

Une fois à l’hôpital, Amélie vomit beaucoup de sang, ce qui amène les médecins à soupçonner une hémorragie interne. Une radiographie montre la présence d’un objet dans le corps de la petite malade, et, de doute évidence, cet objet fait des ravages. Vu son état, Amélie est transférée en ambulance à l’Hôpital pour enfants Stollery pour y subir des évaluations et des traitements plus poussés.

« Quand je l’ai vue sur la civière, je ne l’ai même pas reconnue, se souvient Leslie. Elle était tout emmitouflée et tellement pâle! Je me suis demandé si elle allait survivre au trajet. »

COVID-19 oblige

Leslie doit vivre cette épreuve pratiquement toute seule. Vu les mesures de protection instaurées à cause de la pandémie, son mari ne peut se joindre à elle. « Je l’avais au téléphone et je lui disais à mesure ce qui se passait. J’avais l’intention de faire un appel vidéo sitôt qu’Amélie serait installée, sauf qu’au lieu de me conduire aux soins intensifs, où Amélie devait être admise, l’infirmière m’a dit que ma fille avait fait un arrêt cardiaque. J’ai éclaté en sanglots et crié à mon mari : “Astrel, notre fille est morte; ils ne peuvent pas la réanimer!” »

Après avoir vécu seule une journée remplie d’émotions, Leslie retrouve son mari dans une salle familiale improvisée pendant que l’équipe médicale fait l’impossible pour sauver leur fille. « Il était tard le soir quand on nous a dit qu’Amélie allait être opérée et que l’intervention serait très longue. »

La délicate opération cardiaque révèle qu’Amélie a avalé une pile de montre. Comme la fillette a perdu beaucoup de sang, on la branche à un appareil de circulation extracorporelle. « Amélie a reçu 4,2 litres de sang uniquement pendant l’opération. Sans les donneurs de sang, notre petite fille n’aurait pas survécu », affirme Leslie.

Anxieux, les deux parents reçoivent des nouvelles du déroulement de l’opération tout au long de la nuit. Lorsque l’intervention se termine, le soleil se lève.

La cause

Image
Amélie in hospital after ingesting a button battery


Amélie, à l’hôpital, après avoir avalé une pile de montre.

L’opération a permis aux chirurgiens de comprendre que la salive d’Amélie combinée à la pile avait créé un courant électrique et que la réaction chimique ainsi engendrée avait brûlé les tissus internes. La pile avait percé l’œsophage, la trachée, l’aorte et l’artère carotide gauche. Amélie avait en outre souffert d’un AVC dans l’hémisphère gauche du cerveau et de saignements du côté droit.

https://edmonton.ctvnews.ca/i-m-just-thankful-doctors-at-stollery-children-s-hospital-save-toddler-who-swallowed-a-battery-1.4934676?cache=fcpbhnqhlqs%3FclipId%3D104066

Compte tenu des dommages, les médecins estiment que la pile était dans le corps de la fillette depuis quelques jours. Les études montrent que l’ingestion d’une pile de montre peut causer la mort en quelques heures. Le fait qu’Amélie y ait survécu est un véritable miracle.

Le rétablissement

Amélie Adolphe smiles for the camera after moving from Pediatric Intensive Care Unit (PICU) to the In-Patient Unit. Her first smile since being hospitalized.


Amélie Adolphe sourit pour la photo après son transfert des soins intensifs à l’unité des malades hospitalisés. C’était son premier sourire depuis son admission à l’hôpital.

Amélie reste aux soins intensifs pendant onze jours. Elle reçoit une multitude de transfusions; on lui retire le vieux sang résultant de l’opération et on lui injecte des plaquettes pour remplacer celles qu’elle a perdues.

« Je me suis habituée à voir et à sentir du sang parce que je savais que c’est ce qui sauvait la vie de ma petite fille », raconte Leslie.

Amélie a ensuite été hospitalisée pendant près d’un mois. Elle a fait de la physiothérapie et de l’ergothérapie intensives en plus de subir de nombreux examens d’imagerie médicale pour vérifier qu’il n’y avait plus de saignements dans son cerveau. Elle a pu retourner à la maison le 15 mai, six semaines presque jour pour jour après l’incident.

« Son rétablissement a été spectaculaire, souligne Leslie. Ma famille se moque gentiment en disant qu’elle guérit comme Wolverine. À moins de voir les cicatrices, personne ne croirait ce qui est arrivé. La seule différence, c’est qu’elle a maintenant une sonde de gastronomie parce qu’elle a encore de la difficulté à manger. Avec la sonde, on s’assure qu’elle est bien alimentée. »

Amélie est aujourd’hui chez elle, où elle danse, heureuse. Elle ne reçoit plus de produits sanguins et considère sa sonde comme sa nouvelle meilleure amie.

Pendant qu’Amélie redevient la fillette curieuse, pétillante et fonceuse qu’elle était, sa famille demeure optimiste pour l’avenir tout en prenant les choses un jour à la fois.

The Adolphe-Bangamba family reunited and optimistic about the future


Réunie, la famille Adolphe-Bangamba envisage l’avenir avec optimisme.
Photo : Madison Jamie Photography

Leslie a pris l’année de congé pour s’occuper d’Amélie. Des amis de la famille ont lancé une campagne de sociofinancement pour compenser la perte de revenus et aider à payer les dépenses.

L’importance du don de sang

La mère et le père d’Amélie sont respectivement de Montréal et d’Haïti. Ils divisaient leur temps entre l’Alberta et l’Ontario jusqu’à ce que la carrière d’Astrel comme technicien en structures d’aéronefs les conduise à Red Deer, il y a une douzaine d’années.

Malgré sa peur des piqûres, Leslie a fait un premier don de sang en 2013, en l’honneur de son frère, qui souffrait d’anémie falciforme. Astrel n’a pas tardé à suivre son exemple. Le couple n’aurait toutefois jamais imaginé que les besoins en sang toucheraient leur vie d’aussi près.

Maintenant, chacun de leurs dons est fait en reconnaissance de l’aide que leur fille a reçue. Le don qu’Astrel a fait en juin au centre de donneurs de Red Deer a été particulièrement chargé d’émotions.

« Mon mari n’est pas fort sur les réseaux sociaux, mais je lui ai dit qu’il devait prendre une photo et faire son don et tous les suivants en l’honneur de notre fille, rapporte Leslie. Nous partageons son histoire publiquement parce que si ce n’était de la Société canadienne du sang, notre fille serait morte. »

À ceux qui hésitent à donner du sang, Leslie lance : « Faites-le! Vous pouvez prendre rendez-vous à partir de l’application mobile et le don comme tel ne vous prendra pas plus de 30 minutes. Vous verrez, vous vous sentirez bien de savoir que vous redonnez et que vous aidez à sauver des vies. »

L’impressionnant parcours d’un don de sang

 

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