Élargir le bassin des donneurs de plasma afin d’en accroître l’inclusivité

Certains gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et sexuellement actifs peuvent désormais faire don de leur plasma.

13 octobre 2021
Glenndl Miguel outdoors

Glenndl Miguel a été l’un des premiers donneurs de plasma dans le cadre d’un nouveau programme qui élargit l’accès aux gais, bisexuels et aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.

Lorsque Glenndl Miguel a donné du plasma au cours de la dernière semaine de septembre, cela a marqué une étape importante, tant pour lui que pour la Société canadienne du sang.

« Mon dernier don de sang total remontait à 2014, explique-t-il. Depuis, j’ai dévoilé mon orientation sexuelle et on m’a refusé la possibilité de donner du sang ou du plasma parce que je suis un gai sexuellement actif. Cela fait du bien de pouvoir donner à nouveau car je sais que le don de plasma sauve des vies. »

L’importance des dons de plasma pour les patients: une incroyable histoire

Depuis 2019, les hommes peuvent donner du sang ou du plasma si leur dernière relation sexuelle avec un homme remonte à plus de trois mois. Cependant, à la fin septembre, les centres de donneurs de Calgary (Alberta) et de London (Ontario) ont commencé à mettre en pratique de nouveaux critères d’admissibilité qui permettent à certains hommes gais, bisexuels et aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH) sexuellement actifs de donner du plasma, le liquide riche en protéines contenu dans le sang qui peut être utilisé pour traiter diverses maladies rares et potentiellement mortelles.

L’objectif de la Société canadienne du sang est toujours de supprimer la période d’attente actuelle pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et d’utiliser le dépistage fondé sur le comportement sexuel pour tous les donneurs. Nous avons l’intention de soumettre une proposition recommandant ce changement à Santé Canada d’ici la fin de 2021.

Nouveaux critères pour le don de plasma à London et Calgary

Selon les nouveaux critères en vigueur à London et à Calgary, les membres de la communauté gbHARSAH peuvent donner du plasma si, au cours des trois derniers mois, ils n’ont pas eu de nouveau partenaire sexuel et que leur partenaire n’a pas eu de relations sexuelles avec un autre partenaire.

La modification des critères relatifs au don de plasma est le résultat d’une initiative ciblée que la Société canadienne du sang a lancée il y a plus de deux ans dans le cadre de son engagement à long terme visant à favoriser un système d’approvisionnement en sang plus inclusif. Cette initiative a donné lieu à de vastes consultations auprès de représentants des communautés gbHARSAH de Calgary et de London, ainsi qu’à une présentation à Santé Canada, l’organisme de réglementation qui approuve les règles d’admissibilité au don de sang afin de garantir la sécurité des patients.

« Nous sommes ravis d’accueillir de nouveaux membres de la communauté gbHARSAH dans nos centres de donneurs de plasma de London et de Calgary », déclare le Dr Graham Sher, chef de la direction de la Société canadienne du sang. « Il s’agit d’une étape importante vers la réalisation de notre objectif, qui est de supprimer la période d’attente pour les donneurs gbHARSAH et d’utiliser plutôt le dépistage fondé sur le comportement sexuel pour tous les donneurs. »

Miguel, un ambulancier de 28 ans, a participé au groupe consultatif local gbHARSAH pour le projet de recherche dirigé par l’Université d’Ottawa et basé à Calgary.

« Je suis un ardent défenseur du don de sang et de plasma, dit-il. Je comprends les défis et l’importance de la sécurité en ce qui concerne les dons de sang et de plasma. J’estime qu’il s’agit d’un pas en avant, mais je souhaite qu’on aille plus loin. »

Seul Santé Canada, qui réglemente le système d’approvisionnement en sang du pays, est habilité à approuver les modifications des critères applicables aux donneurs qui ont une incidence sur la sécurité humaine. La Société canadienne du sang doit présenter des preuves scientifiques attestant que toute modification proposée des critères ne compromettra pas la sécurité. Les preuves soumises pour les nouvelles mesures comprennent un certain nombre d’études de recherche, dont une qui a examiné la façon dont des groupes de la communauté gbHARSAH perçoivent les nouveaux critères de don et comment ces derniers influenceraient leur volonté future de donner du sang.

« Nos travaux de recherche font la lumière sur un dilemme central auquel sont confrontés de nombreux donneurs potentiels de la communauté gbHARSAH », explique la Dre Elisabeth Vesnaver, monitrice postdoctorale à l’École d’épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa. « Les membres de cette communauté veulent aider les autres en faisant un don, mais ne veulent pas collaborer avec un organisme qui, selon eux, pratique la discrimination à l’égard des gbHARSAH. Certaines personnes admissibles et par ailleurs désireuses de faire un don sont peu enclines à le faire parce qu’elles privilégient l’équité au détriment de l’altruisme. »

Les travaux de recherche de la Dre Vesnaver, menés indépendamment de la Société canadienne du sang, ont comporté des entretiens approfondis avec dix-sept membres de la communauté des gbHARSAH qui se sont identifiés comme tels, ainsi qu’avec des membres du personnel de première ligne de la Société canadienne du sang. Les conclusions de cette étude ont servi de base non seulement à la présentation de la demande à Santé Canada, mais aussi à la formation du personnel de première ligne des centres de donneurs de Calgary et de London.

Staff participate in a training session


Les travaux de recherche viennent étayer les critères et les processus relatifs aux donneurs et la formation du personnel

« Les groupes consultatifs des projets de recherche de l’Université d’Ottawa ont directement contribué à l’élaboration des nouveaux critères et des processus de sélection des donneurs », déclare Don Lapierre, directeur du programme de plasma destiné aux HARSAH de la Société canadienne du sang. « L’apport des groupes consultatifs a permis de déterminer les questions de sélection à poser aux donneurs potentiels et la manière de les poser. »

En tant que responsable des relations avec les intervenants à la Société canadienne du sang au début de sa carrière, M. Lapierre a souvent entendu des critiques à l’égard des politiques qui empêchaient les gais sexuellement actifs de donner du sang ou du plasma. Il est heureux de pouvoir contribuer à l’avènement d’une ère caractérisée par une plus grande inclusivité.

« La Société canadienne du sang est consciente que, pour de nombreux gais et lesbiennes, il subsiste une barrière émotionnelle qui les empêche de franchir le seuil d’un espace qui leur a été refusé, dit-il. C’est pourquoi la formation du personnel de première ligne est essentielle au succès de la nouvelle politique. »

Au cours des dernières semaines, M. Lapierre et son équipe ont formé le personnel de première ligne sur la manière d’accueillir les donneurs potentiels de la communauté des gbHARSAH, de les aider à surmonter cet obstacle et de comprendre les fondements scientifiques qui sous-tendent la nouvelle politique.

Selon des données recueillies par l’Agence de la santé publique du Canada, l’incidence du VIH et de l’hépatite C est nettement plus élevée au Canada chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes que dans le reste de la population.

« Les critères actuels sont fondés sur une image statistique générale du risque, mais bien sûr, tous les individus d’un même groupe ne sont pas identiques, souligne le Dr Sher. Cela explique en partie pourquoi nous travaillons à une nouvelle façon de sélectionner les donneurs en tenant compte des risques liés à des comportements sexuels précis. »

Wil Osbourne-Sorrell, membre du groupe consultatif sur la communauté gbHARSAH de London pour le projet de recherche de l’Université d’Ottawa, prévoit donner du plasma dans le cadre du nouveau programme.

« Je suis amer de ne pas être autorisé à faire un don, même si je suis dans une relation monogame depuis dix-sept ans, dit-il. J’ai un bon ami atteint d’une maladie rénale qui dépend des dons de sang; je comprends totalement le besoin. »

Wil Osbourne-Sorrell member of the gbMSM advisory group


Wil Osbourne-Sorrell, participant à la recherche et membre du groupe consultatif gbHARSAH.

M. Osbourne-Sorrell encourage les membres admissibles de la communauté gbHARSAH à faire des dons dans le cadre du nouveau programme, même s’il reconnaît qu’il reste beaucoup de travail à faire pour atteindre l’équité.

« L’objectif ultime est noble, estime-t-il. Dans le cadre d’autres luttes pour les droits civiques, les vies ne sont pas en jeu comme c’est le cas pour les dons de plasma et de sang. Allez-y, donnez; laissez les préjugés de côté. En participant, nous avons la possibilité de demander des comptes à la Société canadienne du sang et de contribuer à faire avancer les choses. »

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