Plaquettes HLA/HPA spécifiques, Programme de composants sanguins spécifiques

Les antigènes d’histocompatibilité humains, qui forment le système HLA (human leukocyte antigens), s’expriment dans la plupart des cellules du corps humain.1 Ils jouent un rôle majeur dans la capacité de l’organisme à différencier nos propres cellules des cellules étrangères, comme les bactéries. Il en existe deux grandes catégories : les HLA de classe I et les HLA de classe II. Chaque catégorie est constituée de trois gènes principaux (p. ex. HLA de classe I A, B, C) et chaque gène comporte plusieurs allèles (figure 1). De nouveaux allèles étant découverts chaque année, plus de 9 000 allèles de HLA de classe I ont déjà été identifiés. On peut comparer ces antigènes au rôle des antigènes érythrocytaires dans le contexte des groupes sanguins. Sur le plan biologique, les HLA de classe I A et B sont les seuls antigènes d’expression significative que l’on retrouve à la surface des plaquettes.2

Qu’est-ce que l’allo-immunisation plaquettaire?

L’allo-immunisation plaquettaire survient lorsque les anticorps anti-HLA et anti-HPA produits par l’organisme détruisent des plaquettes non compatibles. Sa gravité peut être mesurée en calculant le pourcentage de réaction aux antigènes ou PRAc. 1 Le PRAc correspond au pourcentage d’individus au sein de la population avec lesquels le patient ne serait pas compatible. Un PRAc de 20 % signifie que le patient serait compatible avec environ 80 % de la population.

Le programme de demande de plaquettes HLA/HPA spécifiques intervient quand le PRAc est supérieur à 20 % (1 donneur sur 5). En l’absence d’autres pathologies pouvant entraîner une allo-immunisation plaquettaire, on considère que le patient est réfractaire aux plaquettes. 

Avant de faire une demande de plaquettes HLA/HPA spécifiques, les médecins doivent tout d’abord déterminer si l’état réfractaire du patient est dû à une infection, à certains médicaments ou à de la fièvre — principales causes non immunes de cet état. Les autres causes, moins communes, peuvent être une coagulation intravasculaire disséminée, une splénomégalie et l’allo-immunisation. 

Pourquoi ce patient présente-t-il une thrombocytopénie?

Est-ce dû à des circonstances sous-jacentes, telles qu’une hémorragie, une septicémie ou la prise de certains médicaments?

Si la réponse est oui :  

  • Traiter la pathologie sous-jacente 
  • Transfuser des concentrés plaquettaires standard 
  • Envisager d’autres options hémostatiques 

Si la réponse est non : 

  • Y a-t-il une augmentation appropriée de la numération plaquettaire chez le patient? Le patient présente-t-il un état réfractaire aux plaquettes? 
  • Évaluez la réponse plaquettaire deux fois entre 10 et 60 minutes après la transfusion. La transfusion d’une unité de plaquettes doit engendrer une augmentation de la numération plaquettaire comprise entre 30 x 109 cellules par litre et 50 x 109 cellules par litre. 
    • Après une transfusion, il existe trois façons de déterminer la réfractarité plaquettaire : 
      • Absence d’augmentation de la numération plaquettaire d’au moins 10 x 109 cellules par litres dans les 60 minutes suivant la transfusion d’une unité de plaquettes. C’est ce que l’on appelle l’incrément plaquettaire (IP), dont la formule est la suivante :
        IP = P2 – P1, où P1 correspond à la numération plaquettaire pré-transfusionnelle et P2 correspond à la numération plaquettaire post-transfusionnelle.
      • CCI (corrected count increment) inférieur à 7,5 x 109 cellules par litre une heure après la transfusion4, dont la formule est la suivante :
        CCI= [(IP x SC)/n] x 100, où SC correspond à la surface corporelle en m2 et n correspond au nombre de plaquettes transfusées.
      • Rendement transfusionnel plaquettaire (RTp) = [(IP x poids (kg) x 0,075 (l/kg))/n] x 100, où le produit poids (kg) x 0,075 (l/kg) correspond à une estimation du volume sanguin et n correspond au nombre de plaquettes transfusées.

Le patient possède-t-il des anticorps anti-HLA?

Si la réponse est oui : 

  • Si le patient possède des anticorps anti-HLA de classe I, vous pouvez faire une demande de plaquettes HLA/HPA spécifiques à la Société canadienne du sang. 

Si la recherche d’anticorps anti-HLA donne un résultat négatif ou que l’état réfractaire du patient persiste malgré la transfusion de plaquettes HLA compatibles, il peut être utile d’effectuer une recherche d’anticorps anti-HPA. 

Vous trouverez ci-dessous un diagramme décisionnel basé sur les travaux de l’International Collaboration for Transfusion Medicine Guidelines en 2015.3