Les femmes et le plasma de convalescents

Pourquoi nous demandons aux femmes de s’inscrire même si leur plasma n’est pas encore accepté

Information
29 avril 2020

À la place, nous utilisons le plasma féminin pour la préparation de protéines plasmatiques.

Convalescent plasma and women

La Société canadienne du sang est fière de participer à CONCOR, un essai clinique national visant à déterminer si le plasma de personnes guéries de la COVID-19, qu’on appelle « plasma de convalescents », pourrait être efficace comme traitement contre le nouveau coronavirus. Notre participation consiste à livrer du plasma de convalescents aux médecins traitant des patients dans le cadre de l’essai clinique et avec l’autorisation de Santé Canada.

Un don de plasma de convalescents est comme un don de plasma ordinaire, sauf qu’il est fait par un type de donneur en particulier. Pour l’essai clinique, nous recherchons des personnes qui répondent aux critères de don de plasma et qui :

  • ont moins de 67 ans;
  • ont obtenu un résultat positif confirmé à un test de dépistage de la COVID-19 réalisé en laboratoire;
  • sont totalement guéries et n’ont eu aucun symptôme de la maladie depuis au moins 28 jours.

Nous invitons les personnes qui remplissent ces conditions à s’inscrire à notre registre en ligne.

Nous avons reçu des questions du public concernant la participation des femmes; des gens se demandent pourquoi la transfusion de plasma provenant de femmes suscite des préoccupations particulières. La Dre Tanya Petraszko, notre directrice des services médicaux et des relations avec les hôpitaux, explique la raison de ces préoccupations et précise pourquoi nous demandons quand même aux femmes répondant aux critères de s’inscrire au registre en ligne. L’information qui suit s’applique aux femmes cis ainsi qu’aux personnes de tous les genres à qui l’on a assigné le sexe féminin à la naissance.

Pourquoi est-il problématique de transfuser du plasma provenant de femmes?

Lorsque transfusé, le plasma de femmes ayant déjà été enceintes peut provoquer chez le patient un syndrome respiratoire aigu post-transfusionnel (ou TRALI, de l’anglais transfusion-related acute lung injury), un syndrome rare mais potentiellement mortel. Le TRALI survient lorsque les anticorps dirigés contre les antigènes leucocytaires humains (anticorps anti-HLA) dans le plasma du donneur interagissent avec les globules blancs présents dans les poumons du receveur.

Les HLA, qui font partie du système immunitaire, aident l’organisme à distinguer les corps étrangers de ceux qui lui appartiennent. Lorsque l’organisme détecte un corps étranger, il développe des anticorps. Les anticorps anti-HLA sont souvent présents dans le plasma des femmes qui ont déjà été enceintes, et les chances qu’une femme possède ces anticorps augmentent à chaque grossesse. Ce phénomène s’explique par le fait que le fœtus a des antigènes de ses deux parents et que le corps de la mère développe des anticorps contre les antigènes du fœtus qui proviennent de l’autre parent.

Il est normal que la mère développe des anticorps anti-HLA pendant la grossesse; ces anticorps ne présentent aucun danger pour le fœtus. Cependant, ils peuvent causer un TRALI s’ils sont transfusés à un patient. La Société canadienne du sang n’a pas utilisé de plasma de femmes pour la transfusion depuis 2007.

À la place, nous utilisons le plasma féminin pour la préparation de protéines plasmatiques. Le plasma est expédié à des fabricants, qui en combinent de grandes quantités pour en faire des médicaments qui sauvent des vies. Cette façon de faire permet de réduire considérablement le risque de TRALI.

Et si une femme n’a jamais été enceinte?

Même une fausse couche, qui peut passer inaperçue si elle survient tôt dans la grossesse, entraîne un risque de TRALI. Ce risque est particulièrement menaçant pour les patients inscrits à CONCOR parce que leurs poumons sont peut-être déjà endommagés par la COVID-19. La dernière chose dont ces patients ont besoin, c’est d’une autre atteinte aux poumons. Un TRALI pourrait leur être fatal.

Vu le danger que pose la COVID-19 pour les populations partout dans le monde, nous faisons tout ce que nous pouvons pour faire progresser l’essai clinique rapidement. À l’heure actuelle, nous n’avons pas de test pour déceler les anticorps HLA chez les femmes et en mettre un en place prendrait beaucoup de temps. C’est pour cette raison que l’essai clinique cible les gens à qui l’on a assigné le sexe masculin à la naissance.

Si le plasma des femmes n’est pas utilisé pour la transfusion, pourquoi demandez-vous aux femmes de s’inscrire au registre?

Le plasma des femmes ne sera pas utilisé pour cette phase de l’essai clinique, mais peut-être qu’à long terme, nous pourrons créer un produit plasmatique hyper concentré pour traiter la COVID-19. Ce produit serait fabriqué à partir de plasma de convalescents provenant de milliers de donneurs. Le plasma ainsi mélangé et traité réduirait le risque de TRALI. Les donneurs potentiels répondant aux critères pourraient donc être appelés dans l’avenir pour aider à sauver des vies. C’est pour cette raison que nous demandons à tous les donneurs admissibles de s’inscrire.

Vous aimeriez en savoir plus? Allez à sang.ca/plasmadeconvalescents.

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