Une belle histoire de survie commence par un don de sang

Munira Premji a survécu à trois cancers au cours des neuf dernières années. Les donneurs de sang l’ont accompagnée à chaque étape de son parcours. 

Inspiration
31 mai 2021
A woman who had blood transfusion procedures during treatment for three different types of cancer stands in a doorway. Her head is painted with a henna design.

Il y a neuf ans, on diagnostiquait chez Munira Premji le premier de trois cancers. Les dons de sang lui ont sauvé la vie, car sans eux, elle serait morte avant même sa première séance de chimiothérapie.

La lutte de Munira contre le cancer commence à l’hiver 2012. Alors âgée de 53 ans, elle poursuit une brillante carrière en ressources humaines. Munira et Nagib, son mari depuis près de 30 ans, mènent une vie active à Toronto.

En décembre 1978, Munira quitte sa Tanzanie natale pour aller visiter Toronto. Elle tombe amoureuse de la ville et décide de s’y installer. C’est là qu’elle rencontre celui qui deviendra son mari et le père de leurs deux enfants, Shayne et Sabrina, aujourd’hui adultes et bien établis. « Nous avions une vie riche et bien remplie », souligne Munira.

woman who had many blood transfusion procedures during cancer treatment stands next to her husband smiling. She has henna designs decorated on her head.


Munira Premji, que l’on voit ici avec son mari, Nagib Premji, a reçu un diagnostic de myélome multiple en 2012. Elle a ensuite été frappée par deux autres cancers avancés : un lymphome non hodgkinien et un cancer du sein.

Les premiers signes de la maladie sont subtils.

« Au travail, je me sentais vraiment fatiguée, raconte Munira. Comme je suis une personne extrêmement dynamique, j’ai tout de suite su que quelque chose clochait ».

Elle soupçonne d’abord que sa fatigue, sa perte de poids et ses sueurs nocturnes sont liées à la ménopause ou au stress au travail. Cependant, la chute rapide de son taux d’hémoglobine ― une protéine contenue dans les globules rouges qui transporte l’oxygène – laisse supposer un problème plus grave. Le 3 février 2012, elle reçoit un diagnostic accablant de myélome multiple, un cancer du sang incurable.

Un cancer qui en cache un autre

Munira partage les détails de sa longue et complexe bataille contre le cancer dans ses mémoires : Choosing Hope: 1 Woman, 3 Cancers. Elle y relate entre autres la semaine qui suit son premier diagnostic. Les médecins, inquiets des résultats de la biopsie de sa moelle osseuse, lui font passer d’autres tests.

En mars 2012, à peine un mois après avoir appris qu’elle est atteinte d’un myélome multiple, Munira apprend qu’elle est atteinte d’une deuxième maladie potentiellement mortelle : un lymphome non hodgkinien avancé, un second cancer du sang. Son oncologue, le Dr Rodger Tiedemann, lui recommande de commencer immédiatement la chimiothérapie.

Munira Premji, who has had blood transfusion procedures during treatment for three different cancers, gets kisses from her grown son and daughter while her husband looks on, smiling.


Munira Premji (en bleu), auteure de Choosing Hope: 1 Woman. 3 Cancers., entourée de son mari, Nagib (extrême gauche), et de ses enfants, Shayne et Sabrina.

La veille de sa première séance de chimio, Munira se rend avec sa famille à la clinique du Dr Tiedemann pour obtenir l’autorisation de commencer le traitement. Mais au vu des résultats de ses analyses sanguines, le médecin semble perplexe.

« Il ne cessait de me demander comment je me sentais, apparemment surpris que je réussisse à rester debout », écrit-elle dans Choosing Hope.

Pourquoi le médecin lui posait-il cette question? L’hémoglobine de Munira a chuté à 42, soit près du tiers de la valeur normale la plus basse pour une femme. Au lieu de commencer sa chimiothérapie, on la transporte en ambulance aux urgences d’un autre hôpital, de l’autre côté de la rue.

Le personnel des urgences semblait tout aussi abasourdi par mon état, se souvient Munira, qui décrit ce qui s’est passé ensuite dans l’un des passages les plus poignants de son livre :

Peu après avoir été examinée par un urgentiste, j’étais allongée sur un lit dans une pièce fermée par un rideau lorsque j’ai surpris une conversation téléphonique que le médecin avait à l’extérieur la chambre au sujet de la patiente du lit 9, à côté de moi. Apparemment, cette dernière était dans un état critique et ses organes allaient commencer à s’arrêter si on ne procédait pas immédiatement à une transfusion sanguine. Visiblement, l’interlocuteur du médecin n’était pas en faveur de cette décision. La discussion a commencé à s’animer jusqu’à ce que le médecin s’exclame : « C’est ma patiente et je décide de commencer la transfusion sanguine immédiatement, sans quoi, elle va mourir! ». Nous avons compati avec cette femme. Qui pouvait-elle être, où était sa famille? Puis nous nous sommes tus et c’est à ce moment-là que nous avons entendu le médecin dire : « Oh non, je me suis trompé, il ne s’agit pas la patiente qui occupe le lit 9, mais plutôt celle du lit 8. »

J’ai réalisé que c’était de moi qu’on parlait. J’occupais le lit 8.

« Ce fut probablement le pire jour de ma vie, et pour être honnête, j’ai alors pensé que j’allais mourir », déclare Munira.

Munira en apprend rapidement davantage sur l’épineux problème auquel est confrontée son équipe médicale. Elle a besoin d’une transfusion d’un groupe sanguin très précis en raison des anticorps développés par son organisme en réponse à deux transfusions au cours des deux mois précédents. Une transfusion du mauvais groupe sanguin pourrait être mortelle, mais attendre les résultats des tests pour confirmer une compatibilité parfaite pourrait l’être tout autant. Pendant ce temps, le taux d’hémoglobine de Munira continue de chuter à des niveaux encore plus inquiétants, pour atteindre 36. Les médecins l’avertissent que ses organes pourraient commencer à cesser de fonctionner.

Ce soir-là, se souvient-elle dans son livre, les médecins la transportent d’urgence aux soins intensifs. Ils ont un plan : lui transfuser quatre unités de sang qui n’ont été que partiellement évaluées comme étant compatibles avec le sien. En d’autres termes, le risque d’incompatibilité pourrait entraîner une dangereuse réaction transfusionnelle. Terrorisée, Munira — une fervente musulmane ismaélienne — se réfugie dans la prière, tout comme sa famille.

« Nous nous tenions à ses côtés, le cœur battant, les larmes inondant nos joues, une prière aux lèvres. Nous avons regardé ces premières gouttes de sang pénétrer dans son corps », se souvient Sabrina, la fille de Munira, dans Choosing Hope. « Si son organisme devait rejeter le sang, nous le saurions dès les premières minutes. Une infirmière était à ses côtés pour surveiller tous ses signes vitaux. »

Au final, chacune de ces unités provenant de quatre donneurs différents a été transfusée en toute sécurité. Le lendemain, Munira était sur pied et écrivait sur son iPad lorsqu’elle reçoit la visite surprise de l’hématologue dont l’équipe avait travaillé avec diligence sur la compatibilité sanguine.

Elle m’a dit : « Vous êtes une miraculée. Je ne peux même pas expliquer à quel point votre mort semblait inéluctable hier », se souvient Munira.

Munira Premji, author of Choosing Hope: 1 Woman. 3 Cancers smiles in a portrait.


Munira Premji est bien vivante et épanouie neuf ans après avoir reçu un diagnostic de myélome multiple. Depuis 2012, elle a également été diagnostiquée et traitée pour deux autres cancers de stade avancé.

Le sang, « le prix d’admission » pour des traitements salvateurs

Ces premières unités de sang ont été ce que Munira décrit comme « le prix d’admission » pour les traitements anticancéreux à venir, d’abord pour le lymphome, puis pour le myélome. Le myélome étant incurable, elle devra le combattre périodiquement tout au long de sa vie. En plus de la chimiothérapie, le traitement a jusqu’à présent comporté deux greffes de cellules souches autologues, que Munira compare en plaisantant à la réinitialisation de l’ordinateur « Ctrl-Alt-Supprimer ». Chaque fois, le processus a consisté en une procédure de prélèvement de cellules souches dans son propre corps, suivie d’une chimiothérapie très intense pour détruire complètement sa moelle osseuse avant de lui transfuser à nouveau ses cellules souches.

Elle a également reçu plusieurs autres transfusions sanguines depuis cette terrible nuit à l’hôpital en mars 2012. Elle a reçu des globules rouges pour augmenter son taux d’hémoglobine à un niveau sûr avant les traitements de chimiothérapie. Après ses greffes de cellules souches, elle a eu besoin de transfusions de plaquettes. À mesure que ces substances vitales pénétraient dans son corps, Munira avait toujours une pensée pour les donneurs.

« Ce fut un moment de prière, de gratitude et d’espoir, car j’espérais que le sang me donnerait ce dont j’avais besoin », explique Munira. « Mais le sentiment de gratitude envers le donneur venait toujours en premier lieu. J’aime à penser qu’il s’agit d’un espace-temps sacré, car à ces moments, je n’écoutais pas de balado, je ne lisais pas de livre. Je n’étais pas au téléphone avec une amie. C’était mon moment pour dire merci. »

A young woman in a mortarboard receives kisses from her two parents on graduation day in New York City.


Les dons de sang ont contribué à prolonger et à améliorer la vie de Munira Premji, à droite, alors qu’elle luttait contre trois types de cancer. Grâce à une transfusion sanguine, elle a pu se rendre à l’étranger pour assister à la cérémonie de remise des diplômes universitaires de sa fille Sabrina.

Jamais deux sans trois

En 2015, Munira est frappée par un énième diagnostic de cancer. Cette fois, il s’agit d’un cancer du sein. Contre toute attente, elle réussit également à le combattre et termine son traitement en septembre 2016. Comme dans le passé, elle est déterminée à continuer à vivre sa vie aussi pleinement que possible, même pendant le traitement; les dons de sang l’y ont aidée. Une transfusion mémorable lui permet de se rendre à New York pour la cérémonie de remise des diplômes universitaires de Sabrina.

Il n’est pas facile de rester positif après tant d’épisodes de maladie grave. Aujourd’hui, Munira ne se contente pas de profiter à fond de chaque journée, elle aide d’autres patients atteints du cancer à faire de même. Elle se connecte personnellement avec un ou deux d’entre eux chaque jour et alimente également à un blogue, des vidéos et des balados sur son expérience du cancer et les nouveaux souvenirs qu’elle se crée.

Fait remarquable, elle en est même venue à considérer le cancer comme un cadeau.

« Je vis dans la joie. J’ai un objectif. Je réalise ce qui est important pour moi », dit Munira. « Ce n’est pas un caillou dans ma chaussure qui m’empêchera d’avancer. Je suis plus encline à demander pardon qu’à demander la permission. Je vis pleinement ma vie en ce moment. »

 

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