Adapter les traditions pour aider à sauver des vies
Tous les futurs parents savent que la naissance de leur bébé changera leur vie. Parfois, le changement va au-delà du quotidien et bouleverse même les traditions familiales et culturelles.
« Mon placenta et celui de mon mari ont été enterrés à notre naissance », raconte Eno.
Pour leurs parents, au Nigéria, la décision était facile à prendre. Mais pour Eno, qui vit au Canada, ce n’était pas aussi simple. Au départ, sa belle-mère a proposé d’aller au Nigéria et d’y amener le placenta pour qu’il y soit enterré. Eno n’était toutefois pas convaincue que transporter un placenta dans une valise pour l’amener à l’autre bout du monde soit une bonne idée.
Sans compter qu’elle avait appris que le placenta pouvait servir à sauver des vies.
Un remède à de nombreuses maladies
Eno a accouché en mars 2019 à L’Hôpital d’Ottawa, l’un des quatre hôpitaux où les mères peuvent faire un don de sang de cordon pour la banque publique de sang de cordon du Canada. Le sang contenu dans le cordon et dans le placenta est riche en cellules souches, des cellules qui ont fait leurs preuves dans le traitement de plus de 80 maladies.
Les dons sont ajoutés à la Banque de sang de cordon de la Société canadienne du sang et peuvent dès lors être utilisés pour tout patient ayant besoin d’une greffe de cellules souches, qu’il soit au Canada ou à l’étranger. La Banque, tout comme le registre national de donneurs de cellules souches, est une importante ressource pour les nombreux patients qui n’ont pas de donneur compatible dans leur famille.
Maintenir les traditions d’autres façons
Eno était gagnée à l’idée de sauver une vie, mais encore lui fallait-il l’assentiment de sa belle-mère.
« Comment dire à une grand-maman nigérienne que je veux donner ce qui sortira de mon utérus en même temps que son petit-enfant? »
Finalement, Eno et son mari ont rallié la grand-maman en lui expliquant que les cellules du placenta pourraient sauver une vie et que, leur famille étant africaine, leur don contribuerait à la diversité ethnique de la banque de sang de cordon du Canada. Cette diversité est essentielle, car lorsqu’il est question d’une greffe de cellules souches, les meilleurs jumelages sont ceux qui combinent un donneur et un receveur de la même ethnie.
« Pourquoi enterrer quelque chose d’aussi précieux? », demande Eno.
La famille a donc convenu que le sang du cordon du nouveau-né serait donné à la banque et qu’on trouverait une autre façon de respecter la tradition.
« Lorsque notre bébé a perdu son cordon, quelques jours après sa naissance, ma belle-mère l’a conservé et est allée au Nigéria pour l’enterrer », explique Eno. Les familles qui désirent conserver le placenta de leur bébé peuvent demander à la Société canadienne du sang de le leur remettre une fois le sang recueilli.
Redonner la vie et partager son expérience
La procédure de don a été moins complexe qu’Eno l’avait imaginé.
« J’ai été surprise de voir que c’était si simple, sans aucun stress et sans impact, ni pour moi ni pour mon bébé, se souvient Eno. Ça faisait du bien de savoir que notre don allait servir une bonne cause », ajoute-t-elle en parlant de sa décision, qui redonnera peut-être la vie à une personne malade.
Depuis qu’elle a accouché, Eno a raconté son expérience à d’autres futures mamans nigériennes.
« Certaines craignent peut-être que la procédure soit lourde, dit-elle, mais si on leur explique à quoi servira le sang de cordon et qu’on les assure que la procédure n’aura aucun impact direct sur elle ou leur enfant, je suis certaine qu’elles seront plus nombreuses à franchir le pas. »
Nous profitons du Mois de l’histoire des Noirs pour encourager les Canadiens de minorités ethniques à s’inscrire au registre de donneurs de cellules souches. Les futures mamans sont en outre invitées à faire un don de sang de cordon : vous et votre petit trésor pourriez sauver une vie!