Bulletin électronique Juin 2016
Nouvelles
Possibilités de financement de recherche
Guide de la pratique transfusionnelle : chapitre 5 – Les concentrés de facteurs de coagulation (en anglais)
Plan national de gestion en cas de pénuries — résumé
Le Plan national de gestion en cas de pénuries de composants sanguins labiles a été élaboré par le Comité consultatif national sur le sang et les produits sanguins (CCN) en collaboration avec la Société canadienne du sang, les provinces et les territoires. Lancé en 2009 et révisé régulièrement depuis, il sert de cadre de référence aux systèmes de santé provinciaux et territoriaux. Ses recommandations préconisent la collaboration et l’uniformité comme éléments essentiels d’une gestion efficace en cas de pénurie.
Le Plan décrit les rôles et les responsabilités de chaque partie intéressée ainsi que les mesures que chacune doit prendre. Il définit également les quatre phases de disponibilité des réserves : verte, jaune, rouge et retour à la normale :
LA PHASE VERTE signifie que le niveau des réserves de composants sanguins est normal et répond généralement à la demande. Cette phase comprend une large gamme de niveaux allant de réserves idéales à une pénurie temporaire pouvant survenir périodiquement et pouvant être gérée grâce aux mesures courantes de la Société canadienne du sang et des hôpitaux.
- UN AVERTISSEMENT EN PHASE VERTE signifie que le niveau des réserves d’un composant sanguin est faible et que tous les hôpitaux doivent déterminer le niveau de leurs réserves et évaluer la probabilité de passer à la phase jaune ou rouge.
LA PHASE JAUNE signifie que les réserves de sang sont insuffisantes pour maintenir les activités normales de transfusions sanguines et que les hôpitaux et les autorités régionales de la santé devront prendre des mesures particulières pour réduire l’utilisation de sang.
LA PHASE ROUGE signifie que les réserves de sang sont insuffisantes pour que les patients ayant des besoins transfusionnels impératifs puissent recevoir les transfusions requises.
LA PHASE DE RETOUR À LA NORMALE signifie que les réserves de composants sanguins ont commencé à augmenter et devraient se maintenir à un niveau qui permettrait aux hôpitaux de passer de la phase rouge à la phase jaune et par la suite, de la phase jaune à la phase verte.
Le Plan est chapeauté conjointement par le Comité consultatif et le Groupe de travail sur les pénuries de sang du CCN, qui étudient les possibilités d’amélioration du document et gèrent les révisions, lesquelles sont souvent faites à la suite de commentaires des parties intéressées. Ce processus d’amélioration continue est essentiel pour que le plan demeure un cadre de référence efficace et la pièce maîtresse d’une belle collaboration au sein du réseau d’approvisionnement en sang du Canada.
La Société canadienne du sang croit à ce plan national de gestion en cas de pénuries et est fière d’y être associée. Nous encourageons tous les hôpitaux à se familiariser avec le plan national ainsi qu’avec les ressources connexes, à savoir les plans provinciaux et territoriaux et autres documents de référence locaux sur la gestion des composants sanguins en cas de pénurie.
Le cytomégalovirus, un sujet compliqué
Le cytomégalovirus, ou CMV, est un virus qui ne provoque aucun symptôme important chez la majorité des personnes infectées, que ce soit dans la population générale ou chez les patients. De 40 à 50 % de la population adulte a été exposée au CMV sans subir d’effets cliniques. Après une exposition, le CMV demeurerait dans les globules blancs et pourrait entraîner une infection dans le cas où il y aurait affaiblissement du système immunitaire. La transmission se fait de la mère à l’enfant ou par les liquides organiques, les rapports sexuels, la transfusion ou la greffe.
Ce qui inquiète surtout, c’est que le CMV peut causer une pneumonie potentiellement mortelle chez les patients à risque.
Il est possible de réduire le risque de transmission par transfusion en utilisant des filtres qui bloquent la majeure partie des globules blancs. On appelle ce procédé déleucocytation ou réduction leucocytaire. Les composants sanguins déleucocytés sont dits « exempts de CMV ». Depuis juin 1999, la Société canadienne du sang effectue la déleucocytation de tous les composants sanguins avant de les entreposer. Elle fournit aussi des composants sanguins « CMV séronégatifs » afin de réduire encore davantage le risque de transmission par transfusion. Ces composants proviennent de donneurs qui ont obtenu un résultat négatif au test de dépistage d’anticorps anti-CMV. La littérature médicale n’est pas unanime quant aux avantages des composants déleucocytés et CMV séronégatifs pour protéger les patients à risque.
Souhaitant apporter un peu de clarté sur l’utilisation des produits CMV négatifs et exempts de CMV, le Comité consultatif national sur le sang et les produits sanguins a publié, en août 2014, la recommandation suivante :
« Le Comité consultatif national recommande que les produits déleucocytés, c’est-à-dire exempts de CMV, et les produits séronégatifs pour l’IgG anti-CMV soient considérés comme équivalents pour la majorité des patients, y compris les patients immunodéprimés, les enfants et les adultes qui reçoivent des cellules souches hématopoïétiques ainsi que les patients séronégatifs pour le CMV qui pourraient un jour avoir besoin d’une greffe. Compte tenu du manque de preuves et de la controverse entourant la nécessité d’utiliser des produits sérologiquement négatifs et déleucocytés dans trois cas — fœtus devant faire l’objet d’une transfusion intra-utérine, nouveau-nés (bébés de moins de 28 jours) et transfusions non urgentes pour les femmes enceintes négatives pour le CMV —, le Comité recommande de suivre les procédures locales. »
Pour favoriser l’utilisation optimale de plaquettes CMV séronégatives, la Société canadienne du sang a distribué en mars 2015 un numéro d’HémoStats sur les commandes de plaquettes séronégatives pour le CMV. Le bulletin fait état des fluctuations de la demande selon les hôpitaux.
Un certain nombre d’hôpitaux ont récemment instauré des politiques stipulant que les composants CMV séronégatifs ne sont essentiels pour aucun de leurs patients. La liste de ces hôpitaux se trouve sur notre site Web.
En l’absence de données irréfutables sur le sujet, les hôpitaux continueront de suivre les politiques qu’ils jugent le plus appropriées pour leurs patients.
Pour une meilleure connaissance des réserves de sang
En 2013, le Comité consultatif national sur le sang et les produits sanguins a recommandé de faire le suivi des réserves de concentrés de globules rouges (CGR) dans les hôpitaux au moyen d’un indice des réserves qui indiquerait les données essentielles pour gérer une pénurie.
Ces données comprennent le calcul de la demande moyenne de CGR par jour en fonction de l’utilisation (globules rouges transfusés + périmés + gaspillés) divisée par une période précise (90 ou 365 jours). On se base aussi sur la demande moyenne par jour pour établir un indice des réserves à partir du niveau réel des réserves (indice des réserves = réserves actuelles/demande moyenne par jour).
Bien que cet outil soit recommandé pour la gestion des stocks pendant une pénurie, l’équipe responsable de l’utilisation à la Société canadienne du sang voit aussi sa valeur pour mieux collaborer avec les hôpitaux et avoir une meilleure idée des niveaux de stocks dans des conditions optimales.
RÉSERVES TOTALES DE CGR
Un projet est en cours pour produire des rapports sur les tendances de chaque hôpital. Ces rapports, qui seront mis à jour régulièrement et accessibles pour tous les hôpitaux clients de la Société canadienne du sang, faciliteront les discussions avec les hôpitaux concernant l’approvisionnement en CGR, ce qui aidera à mieux évaluer les niveaux de stocks par rapport à l’utilisation réelle des globules rouges sur une période donnée. Les rapports sur les tendances des réserves sont fondamentaux pour l’évolution de ce genre d’initiatives de collaboration entre la Société canadienne du sang et les hôpitaux.
Votre agent de liaison préviendra le service transfusionnel de votre hôpital dès que les rapports seront disponibles.
Mini-défi du don de sang de Toronto : SickKids remporte les honneurs
Ce printemps, au défi du don de sang des hôpitaux de Toronto, l’Hôpital SickKids a plus que doublé son nombre de dons par rapport à l’an dernier et a recruté presque trois fois plus de donneurs que son plus proche rival. La campagne promotionnelle de l’hôpital a compté pour beaucoup dans l’enthousiasme des employés.
L’hôpital a confirmé le dicton voulant que dans les petits pots se trouvent les meilleurs onguents. Même s’il était le plus petit des six hôpitaux participants, SickKids a recueilli 51 unités de sang et recruté 11 donneurs.
« SickKids illustre parfaitement toute l’importance que peuvent avoir les organisations qui se font championnes de notre cause », observe Hailu Mulatu, responsable du secteur Centre-Sud de l’Ontario pour les relations avec les donneurs. M. Mulatu a mis sur pied ce mini-défi il y a deux ans afin de pallier le creux entre le départ des étudiants du collège et de l’université pour l’été et le début du grand défi des hôpitaux du secteur Centre-Sud.
« J’ai fait exactement la même chose avec tous les hôpitaux, mais il est clair que SickKids en a profité davantage », dit M. Mulatu. « Leurs services des affaires publiques et des communications ont adopté la cause. Ils ont mobilisé les employés et trouvé des moyens de réussir que les autres hôpitaux n’ont pas encore découverts. Ce sont eux qui ont fait tout le travail, pas moi. »
L’union fait la force
Le défi, qui a duré un mois, avait pour objectif de stimuler les dons et le recrutement. M. Mulatu y a aussi vu l’occasion de promouvoir le programme Partenaires pour la vie, d’autant plus que cinq des six hôpitaux en étaient déjà membres.
« Des milliers d’employés, dont des donneurs réguliers et d’autres qui ont fait un don en avril, n’étaient pas inscrits au programme de leur hôpital, ce qui est très dommage parce que ces dons ne sont pas comptabilisés dans les résultats de l’hôpital », déplore-t-il. « C’est pour cette raison que, pendant le défi, nous avons expliqué aux gens comment fonctionne Partenaires pour la vie et les avons encouragés à s’inscrire en ligne sous le nom de leur organisation. »
En vedette : Nord de l'Alberta
Nous sommes conscients que les hôpitaux font tout leur possible pour optimiser l’utilisation des composants sanguins et des protéines plasmatiques. La rubrique « En vedette » met en lumière le travail ou les initiatives d’hôpitaux du pays. Ce numéro vous présente un projet réalisé dans le Nord de l’Alberta.
Optimisation des réserves de sang dans le Nord de l’Alberta : projet de recherche
Par Astrid Maguire, agente de sécurité transfusionnelle, Nord de l’Alberta
Les étudiants en quatrième année du programme de sciences de laboratoire doivent mener un projet de recherche. Chantal Laliberté, étudiante à l’Université de l’Alberta, a choisi comme sujet l’optimisation des réserves de sang dans le Nord de l’Alberta. Elle a analysé des données qu’elle a recueillies auprès de Meditech et de la Société canadienne du sang, puis a créé des outils pour déterminer la quantité de concentrés érythrocytaires que chaque hôpital devrait stocker. La quantité établie est basée sur l’usage de l’hôpital, les besoins liés aux victimes d’accidents, les services qu’offre l’hôpital et les routes possibles pour le transport, ce qui comprend les distances à parcourir pour les appareils de STARS.
Grâce à toutes ces informations, on a pu adapter les stocks de concentrés érythrocytaires à la situation de chaque hôpital. Les informations sont également utiles pour discuter du niveau des réserves avec les médecins et les technologues. L’idée derrière cet exercice était de conserver suffisamment de stocks pour soigner les victimes d’accidents tout en évitant d’avoir des surplus à redistribuer ou à jeter.
Pour démontrer comment fonctionne l’outil, voici un exemple utilisant les données de Slave Lake :
Stocks actuels
Slave Lake |
O+ |
A+ |
B+ |
AB+ |
O- |
A- |
B- |
AB- |
Stock |
3 |
0 |
0 |
0 |
2 |
0 |
0 |
0 |
Stocks suggérés
|
Rh positif |
Rh négatif |
||||||
|
O |
A |
B |
AB |
O |
A |
B |
AB |
Slave Lake |
3 |
0 |
0 |
0 |
3 |
0 |
0 |
0 |
Niveaux de stocks minimaux et maximaux
Slave Lake |
O |
A |
B |
AB |
O |
A |
B |
AB |
Stocks minimaux |
2 |
0 |
0 |
0 |
2 |
0 |
0 |
0 |
Stocks maximaux |
4 |
1 |
0 |
0 |
4 |
0 |
0 |
0 |
Explications :
Slave Lake passera une commande lorsque les stocks descendront à 2 unités de sang O+ ou O-.
Slave Lake commandera jusqu’à 4 unités de sang O et 1 unité de sang A.
La quantité d’unités du groupe O a été augmentée par rapport à la quantité suggérée après considération des éléments suivants :
- le nombre d’unités requises pour traiter une victime d’accident en urgence (4 à 6 unités);
- les services obstétriques offerts à l’hôpital;
- l’attente de 9 heures pour les commandes de sang prioritaires et le fait que les commandes prioritaires sont courantes (jusqu’à une fois par semaine).
En plus des niveaux de stocks optimaux, Chantal a présenté des données montrant les effets de la redistribution des composants sanguins pour l’un des hôpitaux de la région :
Le projet de Chantal a été présenté en mai dernier à la conférence de la Société canadienne de médecine transfusionnelle. Nous lui adressons toutes nos félicitations. Grâce à son travail, nous avons un outil efficace que nous pourrons utiliser pour la gestion des stocks d’autres centres du Nord de l’Alberta.
Votre hôpital travaille-t-il à optimiser l’utilisation des produits ou a-t-il lancé un projet de gestion des stocks? Si oui, nous voulons tout savoir! Parlez de votre projet à votre agent de liaison et nous en ferons un article dans un prochain numéro d’HémoInfo.